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Les GEM, un écosystème associatif à préserver : vigilance contre les dérives tutélaires

 


Les GEM, un écosystème associatif à préserver : vigilance contre les dérives tutélaires

Depuis leur création, les Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM) constituent une innovation sociale majeure : des associations loi 1901 créées par et pour les personnes concernées, qu’il s’agisse de troubles psychiques, de traumatisme crânien, de TSA ou de tout autre handicap invisible.

À la croisée de la pair-aidance, de l’autonomie et de la citoyenneté, les GEM ont une place unique dans le paysage médico-social français. Mais cette place reste fragile, car leur modèle est encore mal compris, mal représenté, et parfois menacé par des logiques de substitution ou de normalisation.

Un écosystème basé sur l’autogestion associative

Le cahier des charges (2016/2019) est pourtant clair :

  • Un GEM est une association d’adhérents, autonome, avec son propre Conseil d’Administration.

  • Il ne dépend ni d’un établissement médico-social, ni d’un gestionnaire extérieur pour sa gouvernance.

  • Il peut bénéficier de soutiens techniques (gestion salariale)

  • il bénéficie d’un parrainage associatif, mais sans aucun lien de subordination.

  • Les membres du GEM définissent eux-mêmes le projet, les activités, les orientations. C'est le collectif des membres qui gouverne l'association.

 

Cette architecture permet l’émergence d’une autodétermination collective, souvent invisibilisée dans d’autres dispositifs médico-sociaux.

Une philosophie à contre-courant du modèle médico-social classique

Les GEM ne sont ni des structures d’accompagnement, ni des centres de soin, ni des centres de loisirs.

Et pourtant, les représentations erronées persistent :

  • Certains les assimilent à des centres sociaux ou des hôpitaux de jour déguisés.

  • D’autres y projettent des logiques de contrôle, de gestion descendante, ou de professionnalisation de la gouvernance.

  • Des schémas institutionnels récents (comme celui publié dans le Guide repère de l’animateur, janvier 2025) contribuent à ces dérives en plaçant les salariés au centre, les membres à la marge, et en gommant la notion même d’auto-représentation.

Le risque : une dénaturation du modèle GEM

Transformer un GEM en structure pilotée, sous-traitée, ou “encadrée” revient à trahir sa raison d’être.

Cela reviendrait à faire des adhérents :

  • des bénéficiaires passifs, au lieu de membres actifs ;

  • des “patients” dans un centre de jour à bas coût ;

  • ou des “usagers” d’un dispositif porté par d’autres à leur place.

C’est l’esprit même de la loi de 1901 qui serait remis en cause.

L’autoreprésentation associative : un concept absent, une réalité vécue

Fait troublant : le mot “auto-représentation” n’apparaît jamais dans les textes officiels relatifs aux GEM, alors qu’il est vécu quotidiennement dans de nombreux groupes.

Ce silence sémantique n’est pas neutre. Il permet que se reproduisent, par défaut ou par méconnaissance, des logiques de contrôle ou de normalisation, qui étouffent la dynamique citoyenne.

Pourtant, l’auto-représentation associative, c’est :

  • le droit des personnes concernées de porter leur propre projet collectif,

  • la reconnaissance d’un savoir expérientiel légitime,

  • et une réponse concrète aux injonctions de participation des usagers trop souvent symboliques ailleurs.

Des références pour aller plus loin

  • CNSA, Cahier des charges des GEM (2016/2019) : insiste sur la gouvernance associative.

  • F. Saillant et M. Deslauriers, L'empowerment : une pratique de transformation sociale (2005).

  • Julia Boivin et Marc Blin, 100 idées pour promouvoir l'autodétermination et la pair-aidance (2023).

  • La Nouvelle Revue Éducation & Société Inclusives, n°90 : « L’auto-il représentation, entre émancipation et résistance ».

  •  

Conclusion : protéger, pas réinventer

Aujourd’hui, défendre les GEM, ce n’est pas les “moderniser”, ni les “professionnaliser”.

C’est protéger leur autonomie associative, rappeler le pouvoir des adhérents, refuser les dérives gestionnaires, et faire vivre l’esprit de pair-aidance et de citoyenneté.

 

Les GEM n’ont pas besoin de tutelle. Ils ont besoin de reconnaissance.

 

Francoise Marré

 

Véritable écosystème d’un GEM

Véritable écosystème d’un GEM



23/05/2025
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