La pair-aidance clef de voute des GEM

Les pairs, qui viennent en aide de leurs pairs dans une même situation que la leur, s’inscrivent dans un processus de que l’on dit de  pair-aidance. Idée nait en France dès le XVIIIe, à la suite de l’évolution du statut du sujet, patient ou non, à qui on reconnaît un savoir expérientiel, accumulé au cours de ses années d’adversité ; de l’advenue de « l’approche humaniste et le nouveau rapport soignants/soignés »  dont l’évolution du champ lexical relatif aux personnes soignées . On se voit passer progressivement du terme « malade »,à celui de  « patient », puis finalement d’« usager» …. Tout cela conceptualisée aux États-Unis au cours des années 1970 et finit par revenir en France refondu en concepts anglo-saxons de responsabilisation et de rétablissement  (Vignaud, 2017), on ouvre alors la voie au concept de pairaidant , de savoir experimentiel...

Le mouvement du rétablissement aux États-Unis dans les années soixante-dix, au cours duquel des patients se sont révoltés contre les pronostics fatalistes de certains médecins et ont commencé à témoigner de leur reprise de pouvoir sur leur vie. la pair émulation dans le champ du handicap est portée par le slogan « rien à notre sujet sans nous ».

Ces concepts appartiennent à l’innovation sociale et affirment qu’un être humain vit de manière autodéterminée, en prenant le contrôle de sa vie (Gardien, Laval, 2019)…

Dévellopé dans le champs de la santé mentale, le concept s'est étendu au TSA et TND, Cancer etc...

 C'est ainsi que nait la  pair-aidance qui va reposer sur deux principes simples :

le partage de l’expérience vécue et l’entraide entre personnes ayant connu ou connaissant les mêmes troubles ou handicaps, ce dans l’objectif de favoriser leur mieux être et de les aider à regagner confiance. Le rôle du pair-aidant est dès lors d’accompagner, à la fois patients et personnels de santé, vers un nouveau paradigme en santé et des pratiques professionnelles innovantes, afin de favoriser le processus de rétablissement des personnes .

C’est surtout faire admettre que, si le médecin peut soigner ou guérir, il ne peut « rétablir » la personne, c’est la personne qui peut « se rétablir », ce qui implique de favoriser l’empowerment et l’autodétermination du sujet, en l’aidant à reconnaître son savoir expérientiel.

On se préoccupe, au-delà de l’évolution de la maladie ou des restrictions du au handicap,  du devenir de la personne et de sa reconstruction dans toutes les dimensions de sa vie, personnelle, affective et sociale, professionnelle, citoyenne… Cette expérience du rétablissement est une véritable plus-value pour les équipes, venant ainsi compléter – et non remplacer – les pratiques des autres acteurs du soin et de l’accompagnement : « le rôle principal des pairs-aidants est de promouvoir l’espoir et la croyance dans la possibilité de se rétablir, l’autonomisation, l’augmentation de l’estime de soi, l’auto-efficacité, la gestion de ses difficultés, l’inclusion sociale et le développement des interactions sociale (2) ».

 Une personne qui s’engage dans une association ,qui porte un GEM, cherche à faciliter sa vie quotidienne, comprendre son expérience et lui donner un sens, construire, grâce à la valeur de l’exemple, des projets et des voies pour les mettre en œuvre, gagner en autonomie, participer davantage à la vie en société… Les bienfaits constatés notamment dans les" Groupe d’Entraide Mutuelle" sont issus en premier lieu de la pair-émulation, qui facilite la rupture avec des représentations incapacitantes que peuvent avoir intériorisées les personnes handicapées sur elles-mêmes.

Au sein d'un collectif d'entraide Mutuelle, il n’y a pas un aidant et un aidé, mais une entraide ,une aide mutuelle. Partager son vécu avec d’autres permet de leur apporter à la fois du soutien et une source d’espoir. Cela donne aussi l’opportunité de valoriser son expérience et les savoirs acquis, en lien avec son handicap, ce qui est gratifiant. L’entraide permet de sortir de l’isolement dans lequel instinctivement on peut se laisser enfermer. Tout cela participe à nous rassurer sur le fait que nous ne sommes pas seuls à vivre ou avoir vécu ces expériences. Les échanges ouvrent la perspective d’un mieux-être.

 En partageant leur connaissance hérité de leur experience personnelle, les pairs-aidants instillent ainsi l’espoir et ils peuvent contribuer à l’amélioration de la qualité de vie de leur pairs.  Au coueur de l'asscociation, on ne pourra pas travailler les neurocognitions mais la cognition sociale elle oui. La pair émulation agira sur ensemble des mécanismes qui sous-tendent les interactions sociales, dont les capacités à comprendre les autres (théorie de l’esprit), à identifier les différentes émotions, à se montrer empathique et à interpréter correctement son environnement (attribution).

Reconnaître ces détenteurs d’un savoir expérientiel aussi rare qu’utile est essentiel. En 2022, l’OMS soulignait qu’au sein de ces nouvelles configurations, les pair-aidants, parmi d’autres formes de soutien, « complètent les services officiels et sont indispensables pour garantir un environnement bénéfique aux personnes ayant des problèmes de santé mentale (1) ». Les services médico sociaux devraient leur laisser plus d’espace dans leur politique de développement. Reconstruction cognitive, auto-determination, pair-aidance et autoreprésentation doivent être les étapes d’un même chemin que chacun doit pouvoir suivre à son rythme et en confiance !

A bientôt pour développer avec vous ces étapes et aborder la pair-aidance professionnelle qui se dévellope à grands pas !

Françoise M

(1) Organisation Mondiale de la Santé, Rapport mondial sur la santé mentale : transformer la santé mentale pour tous. Vue d’ensemble, 2022, p. 9.

(2) Organisation Mondiale de la Santé, Soutien individuel par et pour les personnes ayant un savoir expérientiel en santé mentale, 2022, p.7.

PAIRS-TND