L’instant d’avant, je suis encore là, l’instant d’après je coupe tout contact. Pourquoi ? Comment ? Est-ce que je vais bien ? Êtes-vous responsable de mon mutisme ? Pour vous en assurer, une seule solution : tenter de m’extraire de ma grotte pour me demander. Mais avez-vous la moindre idée de ce que vous générez alors ?

Transposez puis fermez les yeux pour mieux ressentir la scène : vous êtes dans une administration face à un guichetier auquel vous confiez des informations ultra personnelles, quand tout coup, une personne franchit la limite de courtoisie, la fameuse ligne de confidentialité représentée en jaune sur le sol. L’indésirable ne se contente pas d’empiéter juste un peu, il se colle totalement à vous, agissant comme s’il était directement concerné par l’affaire qui vous amène. Que ressentez-vous alors ? Comment réagissez vous face à cette intrusion dans votre vie privée ?

Vous venez d’approcher brièvement les perceptions autistiques.

S’enquérir de l’état d’une personne que l’on aime, c’est tout à fait naturel, mais forcer une personne autiste à sortir de son mutisme à seule fin d’être rassuré vous-même, c’est franchir la ligne jaune imaginaire qu’elle a tracée tout autour d’elle. Cette intrusion sera alors vécue comme une double violation de son espace vital. Pourquoi double ? C’est très simple : si elle coupe toute communication en s’isolant au fond de sa bulle, à priori, c’est qu’elle cherche déjà à se protéger d’une source de saturation émotionnelle ou sensorielle qu’elle n’arrive pas à gérer par ailleurs. A cet instant, l’autiste se sent comme un vase totalement plein. La moindre goutte d’eau supplémentaire le ferait déborder. En tentant de rétablir la communication, VOUS représentez cette goutte. Même si votre approche se voulait bienveillante à la base. 

( ma réaction: ici je comprends personnellement certaines réactioavailles laut que je trns de mon fils, il faut que je travail sur moi même ce point.)

Immersion dans le monde du silence, en scaphandre

Pendant cette phase de débordement émotionnel, s’il est sollicité, un enfant autiste manifestera l’envahissement ressenti en hurlant, en tapant ou en pleurant.                           Pour une personne adulte, c’est bien plus compliqué : vous l’imaginez hurlant, tapant, pleurant… ? Bien sur que non, ce serait totalement ridicule.                                                 Mais pourtant, c’est bien ce qu’elle fait. En silence.

( ma réaction: cela m'explique beaucoup de chose et m'attriste à la fois car je m'apperçois que ma maladresse a du souvent blesser mon fils. )

A cet instant, elle est tétanisée, incapable d’exprimer ce que vous générez en elle, ce n’est pas qu’elle ne veut pas, c’est qu’elle ne peut pas. Alors non seulement vos sollicitations la rendent encore plus vulnérable, mais en prime vous développerez chez elle un fort sentiment de culpabilité à l’idée de ne pouvoir y répondre.

Si elle le pouvait, elle se cadenasserait dans un scaphandre d’invincibilité totalement hermétique pour se protéger de tout ce qui provient de l’extérieur et de vous en particulier. En agissant ainsi, ce qu’elle essaye de vous signifier, c’est : « ici, tu ne peux plus m’atteindre, plus rien de toi ne peut entrer en moi.Je ne veux plus rien ressentir. Merci de respecter ma ligne jaune, ma zone de courtoisie.»

Mais bien entendu, vous n’en tiendrez pas compte n’est-ce pas ?

Ça paraît tellement inconcevable qu’une personne ayant la même apparence que la vôtre n’éprouve pas le besoin de s’épancher lorsqu’elle ne semble pas aller bien. De votre côté, vous avez tellement besoin de vider chaque goutte de votre vase pour la transvaser dans celui de vos amis…

En ne respectant pas sa nature, sachez que vous l’empêchez de réparer les brèches provoquées par une trop longue exposition à votre monde. C’est comme si vous tentiez de lui arracher son scaphandre, au risque de la noyer. Tout ce qu’elle demande avec ses silences, c’est que vous lui accordiez du temps pour se régénérer, que vous arrêtiez de porter votre attention sur elle, que vous l’oubliiez vous et toutes vos marques de bienveillance auxquelles elle est totalement incapable de répondre. Et alors seulement elle pourra remonter à la surface.

Le monde dans lequel elle vit la contraint régulièrement à vivre en dehors de ses capacités autistiques, pour vous, ça ne paraît pas grand chose, pour elle, tout est amplifié. Vous avez déjà vu Superman face à la kryptonite ? Pour une personne autiste, ce monde est composé essentiellement de kryptonite. En s’éloignant de la source qui l’affaiblit, elle retrouvera ses super-pouvoirs. Respectez ses besoins, ne soyez pas sa kryptonite.

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Ne forcez pas une personne autiste à se comporter comme vous sous prétexte que sa différence n’est pas visible.

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